J'étais à KLEBER en mai 1990

Par Georges FRANZEN (Lien n°2 décembre 1990)

Comme chaque année depuis 1986 je me rends en Oranie pour accompagner des groupes d'anciens, mais qui comptent aussi de plus en plus de jeunes, mariés avec des métropolitaines ou métropolitains. C'est ce que j'appelle les couples mixtes. Cette année sur 76 participants 40 avaient plus de 50 ans. Les 36 autres de moins de 50 ans étaient partiquement tous des couples mixtes.
Les réactions de ces "Jeunes" sont très différentes des anciens. Elles sont plus constructives.
Après avoir accompagné le groupe du 5 au 12 mai, je me suis octroyé quelques jours, seul, pour faire des recherches généalogiques et rencontrer quelques personnes.
C'est ainsi que je rendais visite au Consul Général de France à Oran le dimanche 13 et qu'il m'invitait à la commémoration des événements de MERS-EL-KEBIR du 3 juillet 1940, le lendemain.
Je dois préciser que depuis un dizaine d'années il exite une association des "Anciens de Mers-el-Kebir" qui, chaque année se rend au cimetière marin du lieu et qui a eu beaucoup de mal à faire admettre que les 1200 marins, qui reposent là, sont "mort pour la France".
Je me suis donc rendu au cimetière le matin avec le Père Lancelot pour une courte cérémonie, puis à la messe à la cathédrale de St Eugène et le soir à la réception du Consul qui avait lieu au lycée Larmoricière (lycée Français). Au cours de cette journée, j'ai eu l'occasion de rencontrer des marins du Dunkerque et d'autres navires auxquels j'ai raconté comment moi, qui avais 12 ans à l'époque, j'ai vécu ces évènements, en leur désignant du doigt d'où j'étais. De là derrière la Montagne des Lions entre celle-ci et la Pointe de l'Aiguille.
Je me suis souvenu qu'une chanson avait été écrite à cette occasion. Elle disait : "Mers-el-Kebir inscrira dans l'histoire le sacrifice le plus noble, le plus beau de ses mains mourants avec vaillance pour l'honneur de la France".(1)
Chez les Pères Blancs, j'ai rencontré un ingénieur polonais qui est responsable de l'exploitation des carrièrs de marbre de Kléber. Lorsque je lui ai dit ce que je savait sur ces carrières et notamment que les romains avaient utilisé du marbre pour Rome, il a paru sceptique.Pour lui, seule la partie supérieure avait été exploitée et, dans ce cas le marbre n'est pas assez homogène.
Aujourd'hui ces carrières sont exploitées industriellement. Une immense grue de 30  tonnes, dont le mât est apparent sur la montagne, sert à manipuler le matériel et  les blocs de marbre.
Il ne reste pratiquement plus rien des bâtiments que nous avons connus. Seule existe la citerne qui est un dépotoir et ne sert plus. Alors qu'il y a manque d'eau.
Je suis allé au village la veille de mon retour le mercredi 16. Il a bien changé Ce qui m'a plus choqué c'est la disparition de l'Eglise, qui avait été transformée en Mosquée et agrandi pour cela.
Plus rien ! rasée, les ruines sont jetées sur la route du cimetière à hauteur du jardin Joyet. A la place un chantier. Des fondations profondes, qui font apparaître le rocher et des piliers en béton, structure d'une mouvelle mosquée qui sera presque aussi large que le jardin public. Une petite rue de chaque côté (presbytère et école) et en longueur jusqu'à hauteur des coins du presbytère et de l'école.
Le poilu du monument aux morts a disparu. Un lotissement s'étend depuis chez Sibot jusque presque la ferme Gomez et sur toute la largeur, qui va de la route du cimetière au jardin Roubineau.
En attendant la nouvelle mosquée, la salle paroissiale agrandie d'une construcion sommaire, qui va du coin du portail de chez Geolle à l'angle du presbytère, sert de lieu de prière. Des constructions à étages chez Roger Geolle, François Quessada et ailleurs finissent de défigurer l'image que nous avions gardé du village.
Une tentative pas très heureuse de plantation d'un jardinet autour de la Stèle du Général Kléber complète la défiguration. Les rues se dégradent de plus en plus.
Le secrétaire de Mairie m'expliquait que le gouvernement leur avait  supprimer les revenus des carrières de marbre et autre, qui sont une dizaine.
Les revenus sont insuffisants pour un village de 4 000 habitants, qui a bien changé en peu de temps.

(1) Si quelqu'un parmi vous avait les paroles de cette chanson pouvez vous me les adresser à : jocelyne.chassard@free.fr

 


 

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