Arrivé en Algérie au mois de Juin 1874, je suis rentré comme employé au Service de Monsieur Vilumbralés père à Sidi-Bel-Abbès, qui faisait à l'époque le commerce d'ALFAS.
J'occupais chez lui le poste de chef de chantiers, ce qui me permis de parcourir et connaître les régions de Bossuet, de Magenta, du Télagh, Beudeau, et beaucoup d'autres...
En septembre 1878 je me mariais à BEL-ABBES et avec le peu d'économies qu’à force de travail, j'avais pu réaliser et, avec le crédit qu'on voulait bien m'accorder, je m'installais en 1879 à TAFFARAMI, distant de 52 kms de BEL-ABBES et, où personne n'était encore installé à l'époque de mon arrivée. Là-bas, je m'adonnais à l'agriculture, qui avait d'ailleurs été toujours ma profession, ainsi que celle de toute ma Famille.
Je restais à TAFFAMAN jusqu'à la fin de la campagne agricole de 1882.
Dans un de mes voyages en mai 1882, j'eus l'occasion de connaître et d'admirer la belle plaine des Malifs et de ses alentours qui s'étendent de MARHOUM à AIN EL HADJAR, inculte en totalité à cette époque.
Voyant que l'on pouvait faire de la culture intensive dans ces parages, et comme je n'avais pas les moyens de le faire dès mon retour à BEL-ABBES, j'en parlais à un de mes amis Monsieur MERLOT, lequel, par suite de notre conversation se décida à faire de grandes acquisitions de terrains dans la dite contrée.
Nous nous associâmes pour l'exploitation de ces terres en 1883. Je quittais BEL-ABBES pour m'installera AIN EL HADJAR. C'est là que nous avons créé avec grand peine et travail les quatre grandes exploitations désignées sous les noms «EL FENOUAN» « BOU RACED» «DAIET EL KALAA» et «EL BAGAR».
Comme c'était à la suite de l'insurrection de BOUHAMAMA et qu'une certaine effervescence régnait encore parmi la population arabe, de très grosses difficultés se présentaient à nous, car aucun travailleur européen ne voulait venir s'aventurer dans ces parages.
Et ce n'était pas tout, il a fallu tout notre bonne volonté et notre désir de vouloir aboutir, car il a fallu faire transporter par charrois de BEL-ABBES, la paille et l'orge nécessaires à la nourriture des bêtes attachées à la dite exploitation jusqu'à la récolte de la première année.
En Novembre 1886, mon Associé, Mr MERLOT, qui était commerçant de son métier, fût déclaré en faillite et ces propriétés que nous avions créées, furent en partie vendues par la liquidation de la faillite. Je fus forcé de me retirer de l'association avec beaucoup de pertes.
Ayant toujours eu la vocation de coloniser et avec le peu de ressources qui me restaient, je m'installais à nouveau en 1837, dans la plaine de MAALIFS, à l'endroit où est actuellement le village de Wagram.
Je me trouvais là, lorsque MONSIEUR BOUX, Administrateur délégué de la SOCIETE «la COLONISATION FRANCAISE » dont le siège est à Paris, 94 RUE DE RIVOLI, vint au MAALIFS au commencement de l'année 1894. Il me fit part de l'œuvre qu'il voulait entreprendre pour le compte de la « COLONISATION FRANCAISE » dans cette région. Je me mettais entièrement à sa disposition. En 1898 et pour mieux pouvoir coopérer à cette œuvre et pouvoir faire partie de la Société, j'acquis la Nationalité FRANCAISE, par décret du 19 Avril 1898.
J'ai créé, pour le compte de la dite Société, neuf fermes dont une ferme Ecole de 1500 Hectares environ et après :
1. J'ai acheté des terres pour le compte de Mr BOMBEZI, Président de la Succursale de la Société «LA COLONISATION FRANCAISE» à AIN EL HADJAR, et je l'ai aidé à la création de la propriété,
2. J'ai acheté des terres pour le compte de Mr ROUSSEAU Directeur de la Compagnie des Chemins DE FER Franco Algériens actuellement, COMPAGNIE de L'ETAT, et l'ai aidé à créer sa propriété,
3. J'ai acheté des terres pour le compte de Mr LADEY, Ancien Lieutenant des Chasseurs d'AFRIQUE et l'ai aidé à créer sa propriété,
4. J'ai acheté des terres pour le compte de Monsieur ANDRE, Ancien Conseiller GENERAL de BEL-ABBES, et l'ai aidé à créer Quatre GRANDES FERMES,
5. J’ai acheté des terres pour le compte de MONSIEUR SIMOUNAT, Chef de Gare de Mascara à cette époque, et l'ai aidé à créer sa propriété,
6. J’ai aidé à beaucoup d'autres qui se sont installés dans cette région, dont les noms seraient très longs à mentionner sur le présent mémoire ;
Et pour en finir, comme meilleure référence, il n'y aurait qu'à consulter le N °10505 du 9 septembre 1900 de l'ECHO D'ORAN dans l'article « Colonisation Libre » dans la plaine des Maalifs.
Je crois avoir fait une bonne œuvre, en dédiant les meilleures années de ma vie au progrès, dans mon intérêt et dans celui de tous et dont l'Etat en a profité, car ce dernier était obligé de se ravitailler pour les postes du Sud, au Sig, Perregaux et MASCARA, tandis que depuis la création de ces exploitations elle se ravitaillait à SAIDA et à AIN EL HADJAR.
En 1903 et à mon grand regret, pour cause de la santé précaire de mon EPOUSE, j'ai été obligé de quitter AIN EL HADJAR pour venir habiter Oran où je suis encore. Néanmoins, j'aide encore, avec mes ressources et mes connaissances, beaucoup de colons de mon ancienne région des MAALIFS.
Dans toute ma longue carrière il est à remarquer que j'ai toujours été d'accord avec les ADMINISTRATIONS compétentes et n'ai jamais encouru aucune contravention.
ORAN LE 5 FEVRIER 1922, MONSIEUR ZAMORA JOE MARIANO DEL CARMEN
Propriétaire 24 BOULD//du 2° ZOUAVES (ORAN)
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