ORAN LE 5 JUILLET 1962 - MAJ 28/01/2020

MON TÉMOIGNAGE DE LA JOURNÉE DU 5 JUILLET 1962 A ORAN par Robert GALIANA

Ce matin du 5 juillet 1962, le ciel Oranais était d'un bleu incomparable et le soleil répondait cette belle lumière, annonciatrice d'une chaude journée d'été.
Ma famille avait rejoint la métropole et j'étais reste dans mon village avec maman qui, veuve à l'âge de 38 ans, avait besoin de ma présence pour expédier les affaires courantes de sa petite propriété.
Il me fallait organiser notre rapatriement. Au volant de mon inséparable 4cv, j'entrepris de mettre le cap sur Oran pour acquérir les places d'avion qui nous permettraient de rejoindrenotre famille.
L'agence Air France du boulevard Maréchal Gallieni était prise d'assaut par mes compatriotes qui avaient compris que notre vie devait se poursuivre ailleurs.. Je me suis résigné à prendre la longue file d'attente pour obtenir les billets de la délivrance.
Soudain, des coups de sifflets stridents et intempestifs retentirent, donnant le signal de ce qui restera à tout jamais, l'acte infâme des premières heures de l'indépendance Algérienne.
Stupéfait, j'aperçus au bout du boulevard Maréchal Galliéni des véhicules GMC et DODGES de l'armée Française qui foncaient dans notre direction, arborant des drapeaux vert et blanc du F.L.N. Des groupes de jeunes MUsulmans se précipitèrent sur la file d'attente arrachant femmes, enfants et vieillards au milieu de cris déchirants,pour les jeter dans les camions qui, je l'appris par la suite, prirent la direction des abattoirs du petit lac pour que s'accomplisse un crime contre l'Humanité. Dans tous les coins de la ville, la rafle de la Guestapo Algérienne accomplissait son oeuvre funestre.
L'injonction, la valise ou le cercueil, prenait tout son sens, ce 5 juillet 1962.
J'avais 26 ans, et la force de la jeunesse m'a permis de m'enfuir, échappant à une mort certaine.
Je sui suis posé deux questions :
Leur indépendance acquise, pourquoi se complaire dans des crimes inqualifiables ? Des gènes sanguinaires peuvent-ils engendrer une telle sauvagerie ? Ou est-ce cette haine du "Roumi" qu'il faut absolument anéantir ?
La réponse se trouve surement dans ces deux interrogations réunis.
D'autre part, les GMC et DODGES de l'armée Française, ces mêmes types de véhicules qui avaient servi à nos Pères pour le débarquement en Provence, afin de contribuer à la libération de la Mère Patrie, comment étaient-ils parvenus à se les procurer? Une question de plus dont nous attendons une réponse devant l'histoire.
Aujourd'hui, chaque 5 juillet, je revois ces scènes atroces.
Cependant, je suis fier et heureux d'avoir un mémorial ou, entouré d'amis, nous pouvons avoir une pensée particulière et prier pour eux.
Chers amis, merci d'observer pour ces 3000 compatriotes disparus, une minute de recueillement.

Robert GALIANA

 

 

 

 

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