KLEBER

Louis DAVID

Par la loi du 19 septembre 1948, un nouveau centre est crée en Oranie, au pied du Djebel  Orousse. Il est dénommé Négrier.
Le 9 février 1849, le Général Commandant la subdivision d’Oran, fait remarquer qu’un autre centre de la province d’Oran, dans la région de Tlemcen, porte déjà le nom de Négrier.
Par décret du 11 février 1851, le Ministre de la Guerre prescrit de changer le nom de Négrier en celui de Kléber.
Pendant  111 ans, le grand Kléber de la Révolution sera le patron d’un petit village d’Algérie. Il faudra tout le patriotisme, toute  la puissance, en un mot toute la grandeur d’un autre Général pour que Kléber soit enfin dégommé
Passé en commune le 1er juillet 1852, Kléber deviendra commune de plein exercice  le 22 septembre 1870.
Le 27 septembre 1848, le Général Lamoricière, Ministre de la Guerre, décida d’envoyer en  Algérie
12 OOO nouveaux habitants. Les candidats furent nombreux, choisis parmi l’élite de la population ouvrière, les émigrants affectés au nouveau centre venaient de partout mais surtout de la région parisienne.
Partis de Partis le 8 octobre 1848, nos anciens débarquèrent à ARZEW, le 2 novembre suivant, ou ils furent  hébergés par la population. Dirigés sur ce qui était encore Négrier, ils logèrent provisoirement dans des baraques en planches en attendant la construction des maisons de deux pièces sans plafond qui leur furent allouées à raison d’une par famille.
 D’autre part, chacun des foyers se voyait attribuer un lot à bâtir de six ares, un lot de jardin de 2O ares,  deux hectares de terrain, le tout en friche, et une truie pleine qui parfois logeait avec ses petits dans les chambres de la baraque.
De cette terre, ou toutes sortes d’insectes, de reptiles et même de fauves existaient en abondance, ces pionniers allaient faire une terre riche et hospitalière.
De la première liste de 1848 composé de soixante et onze noms, sept seulement ont fait souche dans la population de Kléber et sont :
ADAM Jean de  Aire (Pas de Calais)
BASTOUL Michel de Saint-Félix (Haute Garonne)
DAVID Pierre de Voullé-les-Marais (Vendée)
DEVIGNE Charles de Crépy (Aisne)
MACRON Armand de Rumaucourt (Pas de Calais)
MOLVEAUX Jean de Bugle (Eure)
ROLLIN Jean-Baptiste de Château Thierry (Aisne)
Hélas, les premières années furent pénibles, elles anéantirent bien des illusions, et les habitants eurent à vaincre de multiples difficultés. Les maladies, la typhoïde, le paludisme, la dysenterie et le choléra vinrent exercer une véritable sélection naturelle.
Dès les premiers mois de 1849, le choléra fit son apparition et sévit sur toute la région jusqu’en 1852.
Le chiffre des décès pour les années 49, 5O et 51 s’élève à 128 sur une population de 25O habitants.
Ceux dont l’énergie était insuffisante, dont les aspirations ne correspondaient pas aux rudes réalités, renoncèrent vite à leurs concessions et sollicitèrent leur rapatriement. Une douzaine de familles persista  et se mit à l’ouvrage.
En 1851,  arrivent  des Parisiens, des Vendéens, des Bourguignons, des Méridionaux, des Alsaciens ; des Normands,  et même des Rhénans.
En 1871, vinrent  les Lorrains. Au total  56 familles mais toutes n’ont pas persévéré.
Celles qui ont fait souche au village sont :
                COURETTE Jean de Francazal Haute Garonne
                MALLET de Paris
                HILDEVERT de Paris
                LACOMBE de Paris
                VOINSON de Plainfaing Vosges
                DEMONCHY de Cuvilly Meurthe
                RAYEUR  de Dédeling Meurthe
                GROSDEMANGE  de Haboudange Meurthe
                GEOLLE  de Haboudange Meurthe
                HELD  de Roppenhein Bas  Rhin
                MULLER de Ritterdof Rhénanie
                ROUBINEAU de Belvèze Aude
                BLAIN de Saint Antoine Isère
                CESAR de Château-Voué Meurthe
                GUILLOT  d’Alsace
                ROEDER de Lorraine
                FRANZEN de Minterlingen Rhénanie
                DOLIVOT de l’Hérault
                DALEYDEN  du Luxembourg
                DESTREMX de Réballou Ariège
En plus du manque d’instruments aratoires, la vente des récoltes de céréales devenait impossible.
L’administration militaire, cliente principale refusait  d’acheter les céréales de la région en dépit d’engagements antérieurs.
Les années se suivirent mais ne se ressemblèrent pas. Les plantations de vignes françaises s’accélérèrent, la prospérité donna l’impression que tout allait bien,  mais la sécheresse de 1880 à 1882, la mévente des vins (certains colons de trouvaient dans l’obligation de déverser  le vin dans les rigoles pour pouvoir rentrer leur nouvelle récolte), le philoxéra en 1897 complète le désastre.
A partir de 19OO  commencent les plantations de plans américains. 
Après bien des expériences, souvent couteuses, Kléber constitue son vignoble qui à notre départ, comptait près de huit cent hectares.
Le village  lui aussi avait prospéré, les baraquements sont remplacés par de belles maisons implantées suivant un plan bien étudié, en bordure de larges artères ; puis la construction de l’Eglise, des écoles, de la mairie et de l’hôtel des postes.
De 1848 à 1900 36 familles venant des provinces de Grenoble, Valence, et Murcie  se joignaient aux familles françaises.
Quatre seulement feront souche dans la commune, ce sont les deux familles FERNANDEZ , GONZALES et PLA.  Il en viendra d’autres par la suite.
La guerre de 1914 ne surprendra pas les Klébériens qui partageaient  l’esprit de revanche de leurs frères de Métropole et ils payèrent un lourd tribut.
Sur le Monument aux morts  inauguré par M Louis DAVID,  Maire depuis peu, trente et un  noms sont gravés, dont deux d’origine musulmane et quatorze espagnole.
A la création du Centre de Colonisation de Kléber, il  n’existait aucune famille musulmane sur le territoire de la commune, le recensement (1953) en compte 595.
En plus des vignobles et des céréales, la commune de Kléber exploite l’alfa dans le Djebel Orousse, ou montagnes sauvages, point culminant entre Oran et Mostaganem (631 mètres). Les gibiers y est nombreux : lièvres, lapins de garenne, perdrix, pigeons ramiers, tourterelles, cailles ….
L’extraction d’une excellente pierre donne un apport complémentaire aux ressources de la commune. Sur le plateau des carrières de très jolis marbres sont également en exploitation.
Le manque d’eau, de tout temps était pour les  différentes municipalités qui se sont  succédées  le problème angoissant et difficile à régler.
Alimenté par deux sources différentes, l’oued Magoun, ravin du cimetière, et l’oued Oudia, ravin de la Noria, un nouveau projet d’adduction et d’alimentation  était  approuvé en 1960 et mis immédiatement en chantier. La conduite était en place juste après l’indépendance. Elle n’a  jamais été mise en service. 

Kléber se vide petit à petit et, il ne reste aujourd’hui de cette population laborieuse, que le souvenir de cent quatorze années de présence française,  il ne reste même plus le nom puisque depuis avril 1963, il a été remplacé par celui de Sidi –Ben Yebka.

*La plupart des renseignements donnés ci-dessus ont été tirés du Recueil et Résumé de la vie d’un petit village de colonisation édité par M DAVID Louis en 1953.

Aucun résultat

  • 57603 visiteurs

Contact

  • jocelyne.chassard@free.fr

Agenda

  • Réunion à Nîmes

    8 Octobre 2023